
Les Poèmes de nos membres
Combustion
il n’était plus lui
elle n’était pas celle qui lui avait dit oui
ils étaient doubles et n’étaient pas encore nous
inséparables ils ne formaient pas encore un tout
formes suspectes
ils étaient dans le centre décalé du rien
à la recherche d’un manque incommunicable et prégnant
certains d’échouer sur une plage inhospitalière
comme des cétacés égarés dans les courants hostiles
ils reviennent de là d’où ils sont partis
sans le savoir
pour se perdre dans les dédales d’une raison bridée
ils résistent à l’égarement auquel les condamne ce temps
pour plonger dans le langage des mots
faisant corps
pour sauvagement nager à contre courant
de la pensée rassurante
et se fondre dans un hors monde
où le désir les attire les attend
jusqu’à la dernière larme
ce sont les pétales de leur rêve qui nous nourrissent
en silence
Chaud du matin
Pluie et insomnie …
Café, croissant et
Elucubrations
Mamma mia… !
Don’t go away, babyPlease stay with me!
File le temps, Aux rythmes accélérés, insensés Du maintenant.
Plus vite que toi Que moi
Que les foules
Qui déambulent
Dans un univers écarlate
Surchargé et surmené
D’envies et de conflits
Inassouvis.
Si contradictoire, si incohérent, si disparate
Chaotique – disent-ils,
Provisoire – chantent-ils.
A travers les swings
D’une aventure océanique
Belle et perverse …
Darling, plus je te cherche
Plus t’es ailleurs,
En constante communication
Pendu aux surfers, aux buzzers
Aux écrans multi faces
A combattre l’hégémonie des voix sordides.
Obscurantistes et obèses,
Sans vérité bourrées d’antithèses.
Là-bas, en bas, en haut, aux extrémités,
Là où nuls sont les droits
Hiérarchisés,
Ficelés à des croyances tyranniques
Et des conceptuels archaïques,
Poussant vers des actes meurtriers…
Et toi qui te bats sans cesse
Surtout ne tombe pas honey,
Dans le grand fossé séparateur
Distendu de perdition.
Reste à bord,
Accroche-toi
Tiens bon la barre et regarde-moi
L’être fragile.
Hang on baby, hang on,
Ce n’est pas fini.
La croisière
Par Batya
Vacancière sans bagage,
J’engage un voyage
Sans retour possible,
Au-delà des nuages.
Bâtarde établie,
Je n’ressens pas le mal du pays,
Je n’ai de souvenir que la mer,
Océan vague et amer.
Ma barque est légère
Solitaire
Sans boussole ni portière
On ne s’évade pas d’une croisière
On y reste, on s’y perd
Voyageuse aguerrie,
J’ai appris à me défendre
Des mauvaises ondes et de la pluie
Qui encerclent ma solitude
D’enfant libre et insolente
Mes deux repères
Se sont croisés
Entre nord et sud,
Un soir d’été
Puis ont regagné la mer
Sans regard en arrière
Vers la môme en prière
Je dérive vers l’inconnu
Cette sublime terre,
Sans nom et sans frontière
La houle m’emporte
Le bateau s’envole comme un canari
Vers l’Espagne ou la Lettonie
Le rêve s’achève
Il faut amarrer les maux
Et écrire les mots
Ecris… Ecris… Et cries !
Mais tais-toi !
AU CŒUR DES ARTS
par Brigitte Frank
Il y a l’art d’aimer
Inspiré du Kâmasûtra
Des troubadours ou de Jésus
Il parle du corps à corps, du cœur à cœur,
De possession, de compassion
Du plus primaire au plus sublime
Ouvre les limites de l’être
Pour un autre peut-être
Il y a l’art d’écrire
Construction, destruction, bagarre avec les mots
Qui se rebiffent, qui se déchirent
Et puis soudain prennent leur place
Pour dire les êtres et les rencontres
Qui font toute l’histoire humaine
Pour dire un ressenti profond
Slam des rues, musique poétique,
Roman ébouriffant qui nous emmène au loin.
Il y a l’art de tisser
Verticale de la chaîne
Tendue à sa juste valeur
Et passage de la trame
Un dessus, un dessous
Pour créer, secréter, composer
Au risque d’Arachnée
Cette matière nouvelle
Qui jaillit de tout âge
En nouveau paysage
Il y a l’art de guérir
Quand une lame habile vient supprimer
Ce qui s’est ici développé
Comme un corps étranger
Quand une main se pose, chaleureuse
Soulage le mal qui taraude
Quand une envie de vivre remonte doucement
Et dit à l’être enfoui, tu vois, c’est bon devant.
Il y a l’art de méditer
S’arrêter, ne rien dire, se poser
Laisser venir le souffle
Inspire, j’accueille, expire, je lâche
Se relier au prâna qui imprègne tout l’être
Écouter chaque bruit, respirer les parfums
Accueillir sans juger,
Juste au présent, l’instant.
Il y a l’art de dessiner
Laisser aller son crayon
Et découvrir quelqu’un, quelque chose
Qu’on ne connaissait pas ou
Cerner à petits traits
Un profil, une main, une feuille
Pour rendre éternel
L’éphémère fragile
Il y a l’art de peindre
A grands coups de pinceaux
Rendre la vie en couleur ou en noir
Saisir l’insaisissable
Dire la profondeur de l’être
Ou même l’indicible
Dans des creux de lumière
Ou des coups de couteaux
Il y a l’art d’éduquer
Cadrer, former sans déformer.
Aider enfants ou jeunes gens
A saisir l’essentiel
Et en faire sa moelle.
Il y a l’art culinaire
Curiosité, patience,
Gourmandise, ténacité
Il y a l’art de l’esquive
Ne rien voir
Ne rien sentir
Ne rien vouloir
Comme un être blessé
Pour qui sortir de lui
Serait le premier des dangers
Il y a l’art d’être soi
Sans masque, sans apprêt, sans ajout
Apprendre à s’aimer
À s’accepter, à se connaître
Dans son instant, dans son présent
L’essence de l’être sublimée,
Magnifiée jusqu’à son éternité
Dans tous ces arts
Il y a le savoir-faire
Et puis ce petit plus
Qui fait passer
De l’artisan à l’artiste
Graine d’innovation
Qui étonne et ravit à la fois
Comme une étoile venue d’ailleurs
Au cœur des arts
Se tient l’artiste
Témoin d’une tradition, celle d’hier
Faiseur d’innovation, celle de demain
Dressé comme un arbre
Aux racines profondes
Qui puisent loin sa source,
A la ramure qui grandit et respire
L’espace qui l’entoure
Sous le regard de l’autre,
Passionné ou passant.
Au cœur des arts
Se tient l’artiste
Et c’est bien
Quand les hommes sèmmeront
Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais semer sur les charniers
Des germes d’espérance et des graines d’amour ?
Les verra-t-on pleurer sur la chair et la Terre
Qu’ils massacrent, cruels, sans penser à demain ?
Verra-t-on refleurir arrosés de leurs larmes
Les fleurs et les sourires dans les champs dévastés ?
Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Les verra-t-on jamais s’aimer et s’écouter
Puis récolter les fruits de leur jardin commun ?
Les verra-t-on conscients de l’existence des femmes
Du pouvoir de l’amour et de leur don de vie ?
Les verra-t-on conscients que la Terre est leur mère
Que leurs mères sont leurs terres et que toutes elles les portent ?
Le verra-t-on jamais se lever dans les cœurs
Ce jour où las des guerres les hommes s’aimeront ?
Le verra-t-on jamais se lever sur la terre
Ce jour où las des guerres ils sèmeront l’amour
Où d’un élan commun ils sarcleront le sol
Arrachant les racines du mal et de la haine
Où conscients de la vie ils chériront les mères
Et planteront les graines de la paix de demain…
Quand les hommes sèmeront l’amour,
Ils s’aimeront les uns les autres…
La fraîcheur sur l’archipel
La barque se balance sur la houle
Au son de la brise tendre du sud.
Disque d’étain, la lune éparpille
Ses perles d’argent sur la baie d’ébène.
La barque oscille sur l’archipel,
Dentelé par l’air, la mer et le sel.
La lune scelle ses lamelles d’argent,
Aux crêtes des vagues, jumelles d’étoiles.
Au milieu de la mer nocturne,
Comme le goût de la menthe sur ma bouche,
Et mon foulard de soie dans la brise,
Sur la baie d’ébène, frémit la fraîcheur.
Je dors sans loyer
Par Emira Salihi
Le vieux crayon que je tiens en ma main guide
Ma patte scriptive
Jusqu’au lendemain
J’ai besoin de faire le vide sans anticiper la récidive.
Je ne dirai pas que je suis sans domicile fixe
Mais sans oxygène de cet être
Je ne connais plus ce qui me relaxe
La vie passe comme une gifle entre
Mes doigts.
L’honneur, la promesse, la douceur
Certains en sont insensibles
Qui as-tu devant toi ? Le cœur
Qui se déploie comme les ailes lisibles
De l’oiseau sauveur
De mes larmes, mais c’est humain.
Je ne suis pas en première ligne
Mais courage à vous qui l’êtes
Si le sentiment nous lie, faites moi un signe
J’en ai pas l’air mais j’aime ce grain.
Toucher-couler, l’eau dans ses profondeurs
Est à contempler dans toutes ses notes
Je passe ici et là ? Non, c’est bien ça le malaise…
Je passe là et ici, je suis la fille des bottes.
Je veux travailler pour servir les enfants,
Ils sont mon espoir, mon choix est diligent.
De mon cabanon
De mon Cabanon je m’émerveille
De voir butiner les abeilles
Dansant sur la sauge ciselée
Au chant des cigales sans pareille.
Séduisantes et jamais bousculées.
Les oisillons sur la treille
Sifflant pour les abeilles
Ne veulent pas s’envoler
De mon Cabanon
Charme indiscret
Femme,
Sous votre charme intérieur empreint de beauté,
Parfois je me prends à rêver.
J’avoue m’égarer par moments
Dans vos yeux de printemps.
J’avoue que vos lèvres souriantes
Soulèvent en moi une douce tourmente.
Surtout pardonnez-moi.
Ne vous offensez pas
Si un sortilège s’est emparé de moi.
Mais que voulez-vous,
J’avoue
Aimer vos lectures, votre art et vos idées.
Votre pureté m’a désemparé.
Savez-vous pourquoi l’on aime?En votre présence
Je ne suis plus le même.
Lettre
Écris-moi des mots, en lignes, des mots de lettres,
Des mots d’amour si beaux, où un S se mêlant
À un E se, se, se perdrait dans un élan,
Ne rencontrant jamais de si, jamais d’adieu.
Il faut un cœur pour lire derrière les yeux,
Pour apprendre que ce qui bat dans un sens, se
Débat souvent dans l’autre, cherchant l’encre, la lance
À fixer au cœur des mots, une fin en un point.
Écris-moi des mots, torturés de douceur, un
Feu de lettres brûlant d’amour, brûlant d’envies,
Où la cendre serait blanche, signe d’oubli.
Je veux te perdre, te retrouver dans une phrase,
Être l’E dans l’O près de toi, être le vase
Où s’épanouisse l’idée même de la vie,
Où fleurisse ta joie, fane la jalousie.
Merveille, une écriture détachée de tout,
Où la virgule souffle, respire pour nous ;
Où le point final débute une réflexion,
Un rêve, un espoir, simplement une trahison.
Écris-moi majuscule, comme tout début,
Bien ronde, bien faite, grande, mince et pointue ;
Accentue mes courbes, fais-moi belle à relire,
Et entre parenthèses, désire le pire...
Écris-moi ! Point, écris-moi ! Point te dis-je, écris-moi ! Point ce soir. Écris-moi Point.
Le regard du poète
Les rêves du poète percent les silences de l’univers.
Silence des ombres;
elles tournent sur la terre avec la terre.
Silence de la terre pleine de feu;
elle tourne sur elle-même d’orient en occident autour du soleil.
Elle nourrit le lait de la terre et la pluie du ciel.
Et le poète chante que l’univers est beau.
Le regard du poète brille sur les merveilles de notre planète;
merveilles des couleurs des soleils vifs couchant sur les mers et les monts;
merveille du cri de l’enfant naissant;
il annonce sa première victoire sur le silence et l’ignorance.
Il entonne en force sa longue partition de la vie.
Et le poète chante que notre planète est magie.
Les cœurs des poètes vibrent des souffrances des espoirs humains;
souffrances des enfants échappés des haines des amours déchirés;
espoirs qui sont des prières pour calmer les muscles rouillés
et dissiper les yeux qui scintillent.
Elles pansent par le verbe créateur de paradis.
Et le poète chante que les mains jointes sauvent.
L’étranger
Comme l’oiseau migrateur n’ayant pour richesse
Que l’élan vital et la force de ses ailes
Le migrant quitte son toit fuyant la détresse
Le cœur palpitant, moins confiant que l’hirondelle
D’où qu’il vienne au delà de mers ou de déserts
Le chemin de l’exil est parsemé d’écueils
Rescapé de guerre ou enfant de la misère
La terre promise est le pays qui l’accueille.
Il blondit ses cheveux, se peint les yeux d’azur
Masque son accent et déguise son allure
Parle avec fierté des ancêtres d’adoption
Croyant fermement à son assimilation.
A la nouvelle patrie il donne son cœur
Sa force, son travail et toute son ardeur
Quand il croit sa nouvelle identité forgée
On le pointe du doigt désignant …l’étranger.
Déçu dans son amour et doublement meurtri
Par deux fois orphelin d’une mère patrie.
Il sera désormais un arbre sans racines
Dans un jardin de roses aux longues épines.
Et SI...
Si l'on ne saisit pas ce train qui nous dépasse,
Si l'on ne frémit plus à nos fruits défendus...
Si l'on ne respire pas le souffle d'une terrasse,
Si l'on ne s'émeut plus de cette jupe fendue...
Si l'on ne frissonne pas au parfum des fugaces,
Si l'on ne saisit plus cette main à nous tendue...
Si l'on ne cueille pas les senteurs d'une grâce,
Si l'on referme la porte aux souvenirs éperdus...
Si l'on ne rassemble plus les quilles sur cette place,
Si l'on ne sourit pas à ce soleil pendu,
Sa larme ambrée qui coule aux volets d'une façade,
Son clin d'œil qui déroule de la vie les audaces...
De celles que l'on regrette,
De celles qu'on a vécues,
De celles que l'on répète,
À plus soif, m'as-tu-vu...
Elle plante ses crocs dans l'âme,
La course du temps qui tue...
Sa vague déborde et coule
Sur les persiennes fendues...
Ourlets du cœur d'une dame,
Ses matins d'or déchues...
Quartier de lune
Quartier de pomme, quartier d’orange,
Plantes-y tes quenottes, mon ange.
Quartier de lune, duvet de plumes,
Sens-tu le soir qui nous parfume ?
Quartier de ville, quartier des champs,
C’est là que tu vivras cent ans.
Ton univers et tes amis,
Tu les rencontreras ici.
Tes premiers élans amoureux
Auront pour témoins ces doux lieux.
Le cœur battant, cheveux au vent,
Tu grandiras là, mon enfant.
Entre ces ruelles et ces champs,
Tu t’imprégneras chaque instant
Des arbres, des murs et des pierres,
Des chéneaux comme de la rivière,
Et dans un tourbillon d’envies,
Tu rempliras ces lieux de vie.
Quartier de pomme, quartier d’orange,
Plantes-y tes quenottes, mon ange.
Quartier de lune, duvet de plumes,
Sens-tu le soir qui nous parfume ?
Quartier de ville, quartier des champs,C’est là que tu vivras cent ans.
Léman
Sur tes rives vagabondes
Laissant un instant s’égarer mes yeux émerveillés,
Je surprends un vol de mouettes qui s’affrontent
Comme des perles blanches enivrées.
Elles jouent en symphonie sur les ondes
La musique des quatre saisons
Que mon coeur apprivoise en songes
Pour mieux comprendre la raison.Sur ce fond bleu de lapis-lazuli,
Quelques voiles blanches au loin se détachent
Pareilles à des éclats de roches cristallines.
Elles sont donc toujours là,
Les ballerines de mon enfance.
Improbable possible
Jamais je n’ai été
Jamais je ne serai
Je ne suis que présent,
Éternellement.
Otage d’un instant
Qui se refuse à basculer
Dans l’oubli du passé
Ou à se projeter
Dans l’hypothèse du devenir,
La possibilité de l’avenir.
Sans hauteur
Sans largeur ni longueur
Impossible éclat de conscience
D’un moment qui déchire
La trame du temps.
Seul un éclair d’amour
Illumine le néant.
Transcendant sentiment
Qui rime avec toujours,
Scintillement d’une étoile
Qui de la nuit déchire le voile.
Quelques paroles de tendresse
Emplissent mon cœur d’allégresse.
Alors on danse!
Par Bluette Staeger
« Tu fais attention à l’âge des ans toi ? Non, mais je fais attention à l’âme des gens » Jacques Dor
On danse ?
Avec nos têtes chiffonnées
Nos cheminements si diversifiés
Nos langueurs et nos inquiétudes
Avec nos rêves délavés
Qui souffrent au plus chaud de l’été
Pesant sur nos incertitudes
Avec nos douleurs en gravité
Nous tenant la nuit éveillées
Sans grande sollicitude
Avec nos membres ankylosés
D’une date limite dépassée
Et si peu d’amplitude
Avec nos âges respectables
Nos digestions indomptables
Et la perte de nos aptitudes
Malgré ces nombreux aléas
Nous sommes statiquement là
Sans aigreur ni hébétude
Nous visons nos derniers jours
Dans une éternité d’amour
Tout en prenant de l’altitude
On rit, on chante et on bricole
On marche, on mange en camisole
Avant de perdre nos habitudes
On se promène sous la lune
Pour danser au-dessus des dunes
D’allégresse et de gratitude
On est vivant.e
Alors on danse !
Bluette (2023)
Chevaucher au soleil
Par Régina Joye
Deux renégats, deux amants, deux étrangers
Aux fauves cheveux dénoués, ceux de la reine infortunée et du chevalier errant
Qui ont tout perdu Mais les routes sont dorées et derrière cette colline, là-bas au fond du ciel, il y a un avenir
Deux amis, deux apprentis, deux voyageurs
Il se peut que le désordre règne sur le monde et que Dieu soit impuissant Mieux vaut chevaucher au soleil, mieux vaut longer les précipices…
Deux égarés, deux vagabonds, deux exilés
qui s'aimeront par monts et par vaux, pleureront des larmes de sang mais n'abandonneront jamais
Leur royaume est perdu, tout s’est écroulé ? Mais à quoi bon s’obstiner dans une ville étouffée pleine de lépreux ? Mieux vaut laisser s’ébrécher les murs et que tous émigrent !
Deux fugitifs, deux ensorcelés, deux aventuriers...
Que le vent et le soleil aèrent les ruines
et qu’on traverse la mer
et il y aura, qui sait, des noces dans le désert et une allégresse qu’on n’aura jamais vue
À l’intérieur
Par Denis-Pierre Meyer
A l’intérieur de mon jardin
J’aimerais cueillir l’espérance
Plutôt que le doute, l’errance
Ne serais-je qu’un baladin ?
L’amour a perdu sa fragrance
La fadeur de l’eau du boudin
Séduire sur un ton badin,
La flatterie avec outrance.
Pour ces gens-là, j’ai du dédain
Envers autrui, l’indifférence
Ils se moquent de la souffrance,
La courtisane et le gredin.
*
Ignorance et idolâtrie
Nids où se fomente le mal
Toi l’homme est le pire animal
Et coupable de fourberie.
Réseaux sociaux, c’est la furie
Non puni par un tribunal
Et vilipender, c’est normal
Trahir et tuer, barbarie !
Douceur étreinte
Par Blaise Oberson
Extrême inutile
Pour une goutte de naufrage
Le vent grimpe sur un mur de répit
Et pénètre l’accalmie.
Heureux toi le silence
Enveloppé à proximité d’une rivière tourmentée que rapportait un mage infidèle. Il couronnait le doux amalgame d’un passé périssable. Retournant la peur du devenir par une corolle effrontée, qui versait l’eau du repos dans son bol amer. La boisson était tâchée de petites lamyres tourbillonnantes. Je dirigeai alors ma main vers les berges du futur. Reconnaissant mon entrain et mon rire enfantin.
Je revenais bientôt auprès des étables aux pourtours perclus. Là où la rue recueille les odeurs du jasmin. Barrières croisées le long des lampes fanées, je poussais les fleurs du lendemain. Ces morceaux d’étoffe dont les contours arrondis, embaumaient le soleil de cœurs opaques.
Ô caresses contraires, noyées dans le bleu du ciel au bord de nos rives extrêmes.
Repérant ensuite la courbe d’une église attentive, je remontais vers un pâturage fatigué. Lys tremblotant, particules odorantes, quand l’espoir conduit nos pas près d’un lustre endormi, qui respire la lenteur du jour.
Feu béni. Pour un espace d’abandon.
J’aime le visage de l’alpage. Apercevoir les feuilles dans les bisses abandonnés. Lorsque l’eau déverse son passé aux côtés des flaques enjouées du bonheur d’antan. Le calme recueille l’impétueuse montée du rêve. Ce fracas d’eau qui éclabousse les pensées simples de nos ancêtres, tandis que le siècle somnole. Et que la vie bredouille.
Pythonissie 2023
Par Raymond de Morawitz
Le soleil de l’aube offre un nouvel espace
Quand le carillon lève la porte du temps
La traînée impalpable du brouillard s’efface
La lumière y présage ses photons haletants
Au fond du paysage
les sommets joyeux se profilent
dans un ciel sans nuages
Délaissant rythme grave
Le coeur bat allégé
Battements soyeux
Le chemin aux contours en doux sortilèges
Caresse les pas tâtonnant les étoiles
Depuis toujours l’insigne privilège
Tisse du fonds des doigts une vibrante toile
Le jour de lumière caresse, translucide
La nuit longue au sommeil étend l’oeil en myriade
Les parfums embaument de leur note l’air humide
Et flottent alentour délicieuse empoignade
Inexplicable union
des graines enlacées
croissance invétèrée
d’un bonheur en action
Découverte
Charmés par le chant des eaux
Les perce-neige inclinent leur corolle
Message immaculé au temps saisonnier
Rencontre impromptue de couleurs et de sons
Tout un charme joyeux pousse
* * * * *